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Janvier 2024

Mis en orbite la nuit du 3 au 4 juin 2022, la nouvelle grappe de 60 nouveaux satellites Starlink de SpaceX peut être observée dans le ciel. Cet envoi, c’est le huitième de ce projet consistant à commercialiser un accès à Internet par l’espace, auprès de personnes vivant dans des régions mal couvertes en installations télécom. Cette configuration permet à cette constellation de compter maintenant “480” nœuds de communication. Un premier passage facilement observable a été annoncé pour la soirée du 4 juin en France. Depuis, ces satellites peuvent être observés dans le ciel avec une relative facilité, dans la mesure où ils évoluent à très basse altitude (quelques centaines de kilomètres à peine). Si vous avez l'œil et que vous regardez dans la bonne direction, vous pouvez apercevoir des points lumineux se déplacer dans le ciel. Si vous vous trouviez à Paris par exemple, sachez que ce train spécifique de satellites était visible le 4 juin 2020 à 23h09 pendant près de deux minutes.

Un peu à la manière des fameuses nuits des étoiles filantes en été, j’ai fait partie de ceux qui se sont allongés dehors, pour observer cette nouvelle constellation artificielle. 

 

Elle est passée au-dessus de moi comme lorsque j’étais petit, et que je croyais observer  le père Noël dans le ciel, à cause des lumières de navigations rouge et verte, au bout des ailes d’avions. Cette idée que quelqu’un avait créé un spectacle, dans un environnement aussi abstrait que l’espace, au-dessus de ma tête, m’a permis de cibler à quel point j’étais touché par ces sensations de vertiges. Lorsque l’on se prépare pour aller au lit, un type du nom de “Musk” lance 60 objets dans l’espace, et offre un spectacle à échelle mondiale. Loin de prendre parti, de prononcer un avis, de réfléchir à l’éthique de cet évènement,c’est ce genre de sensations grisantes qui génèrent chez moi une posture de pure contemplation, de méditation.

 

Lors de ce premier semestre, j’ai tenté de mettre en exergue des thématiques qui me traversaient déjà en première année, avec davantage de précision. Les idées de pièces qui regorgent de symboles revenaient, ces envies de donner à voir des phénomènes du présent par le biais d’outils, comme le certificat, ou la pancarte en carton de supermarché.

 

J’ai découvert l’an dernier  la “Green Lines Theory” qui présente des images créées par des communautés majoritairement dites “incel” sur internet (involuntary celibate). Ces communautés volent sur Internet des photos de célébrités, de duos, de couple, et dessinent par dessus des lignes vertes et des inscriptions “tirées par les cheveux”, violentes. Ce qui lie ces photos sont les inscriptions, mais surtout les deux lignes tracées le long du corps des sujets pris en photo. Le créateur de cette tendance, Alpha Rivelino, démontre que sur les photos de couples, d’amis, une personne penche vers l’autre. En l'occurrence, ces communautés tendent à dire que les hommes pris en photos sont systématiquement penchés vers les femmes, et que l’on peut tracer au contraire sur les femmes une ligne parfaitement droite. Ces images ont aussi inventé le concept de “cock shame” qui est écrit en gros si un homme croise les jambes, et “the claw” qui parle de la main qu’une femme peut mettre sur la nuque, le cou d’un homme sur une photo. 

 

Sans parler des messages transmis ou d’une quelconque question sociale ou politique, ce sont ces images de stars et de célébrités qui m’ont marqué, leur rapport au vol, à la reprise, et à la distance qu’il y a entre les sujets pris en photo, et l’auteur des dessins, des lignes. J’ai cerné à ce moment-là qu'il y a des images qui me restaient en tête, qui me touchaient particulièrement, et comment et avec quelle pertinence cela pouvait se lier avec mon travail à l’école. S’en sont enchaîné des problématiques, à savoir, comment montrer ce phénomène autrement qu’en en parlant ? Est-ce que ces images ne sont pas déjà des gestes ? Qu’est ce que faire une pièce illustrative ? Où sont les parts de biais, et les outils de crédibilisation qui entrent en jeu, dans un contexte d’école, et de “galerie” ?

Ces impasses m’ont amené à chercher pendant ce premier semestre ce qui, en amont, me mettait en marche et en mouvement lorsque je voyais des images, ou des objets qui croisent, des récits, ou différents symboles qui n’ont pas forcément de rapport, et le sentiment de vertige que je ressens, devant une tempête, comme devant une certification d’authenticité d’autographe de Kim Kardashian. 

 

Ma figurine en carton de Kylian Mbappé illustre les joueurs de football parasités par les lasers que les supporters ont emmené en cachette, qui visaient les yeux des joueurs pendant des moments décisifs. Encore une fois, cette image m’a marquée, et cette figurine en carton (en référence à celles que l’on peut trouver dans des supermarchés pour la promotion d’une brioche chocolatée) amoindrissait l’effet que je voulais produire à cause de son apparence “faite main”. C’est alors que j’ai compris que ce qui était important était ce qui était donné à voir, et que mon travail ne serait jamais perçu autrement que par sa réalisation.

Ces envies se sont précisées à la rentrée quand Paul et moi avons cerné pendant tout l’été que mettre en exergue le contexte d’un processus créatif était moteur pour trouver des thématiques fécondes. Cette pièce et la réaction que j’ai eue à la vue des images des joueurs de foot dans les médias satisfaisaient une envie de pouvoir, de recul, ou d’omniscience.

 

  Cette position de recul, de distance, de méditation, sans aucune critique sur les images qui nous traversent nous a emmenés  à vouloir à tout prix produire des pièces qui nous dépassent, qui parlent de sujets qui nous dépassent. J’ai donc tenté de parler de sujets comme les fourmis, la météo, le “star struck”, les symboles de manière générale.

Le premier sujet du parcours était un vrai défi : habituer mon regard à l’expérimentation d’un matériau était pour moi comme devoir tout faire à l’envers. Les interventions de Florent Lahache à l’atelier m’ont permis de cibler “une muse” qui était le phénomène de “star struck” : un mot américain définissant le fait d’en faire trop, à la vue d’une star, d’être fasciné, impressionné. J’ai donc essayé de travailler sur le star system, et pour la première fois, je n’avais pas d’idée préconçue d’une pièce finale, tout n’était que recherche. J’ai voulu travailler sur les arbres généalogiques des familles de célébrités, puis sur les sapins de Noël, puis sur le jeu “à combien de poignées de mains je suis de cette star”.

 

Ces étoiles inaccessibles que sont les stars pour moi, deviennent aussi des points de convergence de l’individualité, et déconstruire ces figures en tentant de s’en approcher révèle le mécanisme de fascination pour ces figures. Canaliser cette fascination m’a permis non seulement de m’approcher d’une réflexion, mais aussi d’observer comme un miroir complexe qui reflète non seulement la réalité des figures célèbres, mais aussi la manière dont nous, en tant qu'individus, intégrons ces figures dans notre propre narration personnelle. 

 

La pièce de Christophe Rohan-De-Chabot au CAPC dans la curation de Cédric Fauq a aussi été une révélation pour moi et m’a permis de travailler sur ce sujet. Sa pièce est à la fois une photo avec un gros plan très resserré d’une célébrité malgré tout reconnaissable, mais dans la curation de fête foraine, cette image prenait un sens qui me plaisait. J’ai projeté l’idée que cette pièce pourrait avoir sa place dans cette curation grâce à toutes les célébrités reproduites à l’aérographe sur les manèges et les stands de tirs. 

Les pièces de cet artiste, de manière générale, m’ont permis de voir que ces symboles et célébrités, il y en aurait toujours, que ce sont des personnes magnifiquement influentes, et que cette recherche d'identification à plus grand que soi répondait à un besoin de héros culturels pour l’imaginaire collectif. Cette pièce cherche (comme les prochaines, j’imagine) à créer une résonance entre l’idée que des choses nous dépassent, et que dans cette reconnaissance, peut-être, se trouve une libération des chaînes de nos préoccupations parfois superficielles.

 

C’est le “pourquoi pas moi” qui m’a mis en mouvement et qui est devenu moteur. Il en est donc né un certificat, tel que ceux qu’on trouve dans les bureaux, avec 5 célébrités de domaines variés que je pouvais atteindre avec mes contacts. Cette idée que je puisse jouer avec du pouvoir, le voir se déplacer, et me sentir si petit face aux géants que j’écrivais sur cette “Marie-Louise” m’a suffi pour le montrer. 

Cette pièce m’a amené à adorer travailler sur d'autres phénomènes qui me rappelaient à quel point je suis un “loser”. Ces tentatives de contempler l’aliénation comme parfois quelque chose de prestigieux, me permettait de faire un pas en arrière, pour mieux appréhender mon processus artistique. Travailler sur des symboles, que ce soient des noms, des objets, des lieux, déclenche chez moi une réévaluation de mes priorités, qui m'invite à prendre du recul, à voir que nos problèmes, même ceux liés à la proximité avec le pouvoir, peuvent sembler minuscules face à des forces plus vastes, qui dépassent notre contrôle.

 

C’est dans cette position de méditation que, sous mon nez, j’ai découvert l’existence d’un marché d’eau de bain. Il y en avait en vente sur Internet, avec de la demande. Ce n’est pas avec un point de vue d’absurdité, de critique, ou de jalousie que j’ai observé ce phénomène, mais plutôt avec l’idée d’être très heureux d’être vivant à cette époque pour pouvoir observer une tendance comme celle-là. 

Je me suis mis en mouvement pour créer une pièce autour du marché de l’eau de bain en voyant des “streameuses” influenceuses Internet qui en vendaient à leur fans. Cette idée de travailler sur un sujet moins “ésotérique” et beaucoup plus ancré chronologiquement que les fourmis et la météo, m’a fait prendre conscience que de voir son travail comme une sauvegarde temporelle, ou d’un simple point de vue sur une époque, quel qu'il soit, avait une date de péremption que je trouvais féconde.

 

Pour ce second semestre, l’idée d’investir l’espace Continuum avec Paul est une opportunité, un moteur qui nous met en mouvement encore davantage. Cet exercice de curation était un vrai défi, car après une dizaine de tours de l’école, nous ne voyions pas vraiment de pièces qui feraient sens avec notre thème “2012”. Nous avons compris que c’était l’occasion de faire preuve d’ambition, et de collaborer avec nos artistes préférés. 

Le thème de 2012 était une manière un peu grossière de synthétiser nos envies du premier semestre. Nous avons alors contacté l’artiste londonien Perce Jerrom qui travaillait avec le collectif “Tzventik” (désormais fermé) dont nous étions fan Paul, Melchior et moi-même. 

J’ai aussi proposé à Clément-Bleu-Pays, étudiant aux Beaux Arts de Paris, de faire partie de l’investissement de l’espace, ainsi qu’à l’ancien étudiant Melchior, et à un professeur des Arts Décoratifs de Paris Alain Declercq, entre autres.

 

Je compte consacrer aussi une partie de mon second semestre à la réalisation d’une pièce que j’ai prévue en octobre dernier. Mon regard avait été retenu par les images des maisons américaines, et leurs drapeaux américains dans le jardin, que j’observais en me promenant à Chicago, sur Google Street View. J’aimais ces objets domestiques qui avaient pour but d’être vus, afin de remercier le pays - une entité visiblement supérieure - assez pour qu’elle prenne 1 mètre carré de leur jardin. 

J’ai voulu travailler avec ces images et ces objets domestiques, faire des “recherches esthétiques” sur les témoins de Jéhovah, et je suis tombé sur la communauté américaine des “simulationnistes” sur Reddit. Ces communautés, à la manière des Platistes, certifient que nous sommes dans une simulation informatique générée par une civilisation future, assez développée pour que nous soyons codés dans le but de ne pas nous rendre compte de notre propre existence. 

J’ai donc mêlé ces deux matières pour créer un récit : celui d’une famille simulationniste qui, pour remercier les civilisations futures de leur offrir l’expérience de la vie, créent en retour un objet domestique, qui serait, à la manière des drapeaux américains dans les jardins, un étendard avec marqué “THANKS” tendu par une structure en métal au sol, face au ciel. Le choix de l’abréviation de “Thank You” et de la langue fait partie du récit, et renvoie à l’impuissance d’un ménage moyen à remercier les forces supérieures. Cette abréviation se veut un peu “timide”, familière.

 

 C’est en parlant avec Sébastien que nous en sommes arrivés à la conclusion que  construire une structure en métal carrée, de 2 mètres sur 4, était bien moins cohérente, folle et bien plus coûteuse que de le peindre sur le toit de la récupérathèque. J’ai alors demandé au directeur, à Ann-Gaëlle, à Florian de l’atelier photographie, responsable de la récupérathèque et aux étudiants de l’association “Bozard Sardines”, leur accord et le financement de ce projet. J’ai donc commencé ces derniers jours à poncer la surface des deux conteneurs, à la nettoyer et à dessiner les lettres de manière précise sur les deux toits. Il me reste donc beaucoup de travail et espère dans tout ça que cette image du “THANKS” sur le toit de la récupérathèque en noir sur blanc, sera vu par google maps, auquel cas j’aurai une bonne image dans mon téléphone.

Juin 2023

29 mars 2022, séance de tirs au but déterminante après 96 minutes de match
intense, menant finalement à une égalité. L’équipe nationale Egyptienne se tient
prête à tirer 5 tirs face au gardien Sénégalais. La star Mohamed Salah se trouve
gêné par une quinzaine de lasers braqués sur ses yeux et son visage. Le gardien
sénégalais est lui aussi aveuglé par ces lasers verts. Le match est interrompu par
l’arbitre. La veille du match, les supporters avaient lancé une campagne Twitter
invitant tout le public à emmener avec eux ces gadgets lumineux pour déconcentrer
l’équipe adverse. A travers ce laser, les supporters ont trouvé un moyen de participer
au match, ce dernier devient un objet de pouvoir qui force la sécurité des stades à
adapter leur règlement et à rendre les fouilles plus sévères. Le match de foot ne se
regarde plus simplement sur la pelouse, les gradins deviennent aussi acteurs de
l’évènement comme si on brisait le quatrième mur. Malgré les efforts des
organisateurs, ces lasers forcent une pause dans le match qui oblige les spectateurs
à prendre du recul. L’apparition d’un nouvel élément de langage transforme
légèrement l’expérience du match pour n’importe quel spectateur qui n’avait pas
amené de laser. C’est l’apparition de ce nouvel élément qui amène une certaine
lucidité au spectateur. L’évènement du match en devient absurde, et est comme
“remis à échelle”. Cette présence parasitaire permet selon moi une posture critique
et reflective. C’est cette posture que je cherche à synthétiser et qui est un moteur
pour mes recherches esthétiques actuelles. Je me mets fréquemment dans cette
position lorsque j’aborde divers sujets, le rapport à l’absurde est ce qui me motive à
aller chercher du langage varié. Ce regard absurde reste pour moi un outil
d’appréhension des objets et m’invite à m’emparer de beaucoup de sujets. C’est par
ce biais qu’on peut tisser un lien entre mes travaux qui semblent déconnectés voir
incohérents.
J’ai réalisé un carton promotionnel à l'effigie de Kylian Mbappé. On retrouve
souvent ces objets dans les grandes surfaces, et font l’objet de réappropriation de
l’image des joueurs notamment sur des emballages de brioches, collection de
magnets pour frigos, etc...
Ces figurines accompagnent la vente de produits, et prennent part à une nouvelles
formes d'iconisation, à la manière de Cédric Fauq quand il expose la pièce de
Christophe de Rohan Chabot montrant Kim Kardashian, faisant d’elle une toile de
fond de fête foraine. Ce processus d’iconisation m’intéresse en soi, mais l’intention
était avant tout de donner une forme à cette pratique du laser dans les stades, c’est
pourquoi le visage de Kylian est couvert d’une lumière verte. Et cette image du
joueur dérangé par le laser évoque avec violence sa condition d’impuissance et de
faiblesse. Cette piste comprenait aussi un d’objectif de recherche de langage futur
potentiel dans toute son absurdité.
Cette pièce est une projection d’une diégèse dans laquelle la lumière verte du laser
est devenue une partie intégrante du champ lexical du foot. L’outil du laser a
notamment été un élément de parasitage aéronautique, un autre de mes sujets.
C’est autour de ces détails que j’articule ma réflexion artistique, quitte à être”
niche”, ou cryptique, c’est dans ce qu’il y a d’énigmatique que j’aime me retrouver.

C’est dans ce même processus que j’ai été amené à produire ces pièces pour
l'aéronautique, l’idée était de me donner l'exercice de réaliser une exposition à
thème, et ça a été assez éclairant d’observer quelles pièces allaient sortir du thème.
J’ai remarqué une recherche de précision dans mon processus de réflexion, et une
tendance chez moi à vite survoler les lieux communs de ce sujet, à les éviter et j’en
suis donc arrivé à faire trois pièces qui ont été jugées énigmatiques. La contrainte
de thème, était comme “passée au tamis” est entrée dans un processus de filtrage.
Elles prennent la forme d’objets rébus que le regardeur doit décrypter. Cette
exposition avait aussi un fort rapport à l'image: il s'agissait de toujours figer les
objets comme si on les observait de loin, comme derrière les grilles d’un aéroport. La
première pièce venue dans mon esprit est la reproduction d’une manche à air
d’aéroport. Après avoir longtemps échangé autour de l’objet d’éolienne avec Paul, le
rapport au paysage et aux objets aérodynamiques m’a emmené à tout mettre en
œuvre pour donner vie à cette manche à air achetée pour 15€. Cet objet en
mouvement, a été conçue pour être figée, gonflée de vent, afin de la neutraliser
comme une image ou une photographie.Comme un musée aéronautique, les objets
que l’on allait concevoir seraient des conséquences, ou plutôt des outils de
fétichisation des objets aéronautiques.
Je remarque aussi de part ses pièces, un besoin de m’éloigner de pièces à but
d’expériences sensorielles individuelles, ou encore d’objet privilégiant une forme
d’illustration d’un souvenir, ou expérience personnelle.Cette envie de repousser les
limites du paysage esthétique qui m’entoure encore et encore, m’emmène à
m’infiltrer dans des “niches” dont le lexique constitue une matière de travail
esthétique pour moi.
Ayant observé des patterns dans la démarche artistique de l’intime, la
romantisation de récits personnels souvent biaisés me permettent de me situer plus
clairement, et me donnent envie de m’éloigner de cette tendance. Je suis davantage
attiré par une quête d’objectivité, tout en sachant que cette quête n’a pas
nécessairement de fin.
Ma recherche se situe davantage autour du moment ou du travail du spectateur.
C’est ce que j’ai essayé d’approcher avec ma “théorie des bulles” visant à situer le
spectateur dans deux catégories lorsque l’on fait face à une bulle de savon, ceux qui
les éclatent, et ceux qui ne les éclatent pas. Cet endroit dans lequel se situe mon
travail m'amène à ’espérer proposer des pièces qui essaie de tout mettre en œuvre
pour que l’interlocuteur se sentent comme une fourmi dans une fourmilière, avec
mes pièces de surveillances, sonores, visuelles notamment. Il ne s’agit pas de le
piéger mais de lui permettre de s'interroger sur son rapport avec son libre arbitre.
Mais toutes ces notions sont des conséquences de mes recherches, ce sont des
croyances qui m’amènent à obtenir des idées esthétiques.
J’ai découvert sur Instagram un étudiant de l’atelier Creuzet aux beaux arts de
Paris avec qui je me suis bien entendu. Ses pièces consistent à laisser une trace

subtile dans des endroits forts de sens. Poser un élastique dans une vitrine Zara,
rayer la poignée de porte de la Galerie Perrotin, ces intentions s’abandonnent dans
l’idée qu'une pièce qui existe mentalement se suffit, et essaient de se rapprocher
d’un monde sans objets tangibles, matériels, son travail neutralisent tout récit
artisanal, ou romantisation de processus de réalisation d’objet, mais met plutôt en
valeur l’utopie d’un art qui repousse les limites. Loin d’une course à la tendance,
d’une course a quel langage est le plus niche, le plus cryptique cette exacerbation
du conceptuel se concentre sur un propos de surface, qui invite aussi à un mode de
consommation de l’art différent, à un binjewatching de pièces sur les réseaux, et
pose la question de ce qu’il reste de ces pièces que l’on voit dans le paysage
artistique. Je crois en l’idée que c’est dans la quête d’un objectif inatteignable, que
le langage et l’absurde naît vraiment. La rencontre de ce travail m’a amené à
questionner mon propre rapport au paysage artistique, j’ai remarqué être
moi-même impliqué dans une course à l’idée et à la matière non explorée comme s’il
s’agissait d’identifier les prochains objets qui deviendraient à la mode. JE pense
notamment au magazine Tzvetnik, ou je me retrouvais à adorer l’utilisation d’objets
de manière parfois inattendues (un pare soleil de voiture, robots aspirateurs, motifs
de chargements informatiques), comme s’il s’agissait en art pour moi de chasser de
la matière pas exploitée.

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